Garance RIGAUD : « J’ai encore du mal à réaliser que j’ai réussi »

Récompensée d’un titre de championne d’Europe et deux médailles d’argent à l’arraché et à l’épaulé-jeté en 55 kg lors des Championnats d’Europe à Chișinău (MDA), Garance RIGAUD (VGA Saint-Maur/Conseil départemental du Val de Marne) a inscrit son nom dans l’histoire de l’haltérophilie française avec cette performance exceptionnelle. Deux ans après le dernier sacre tricolore sur la scène européenne, notre athlète de 25 ans succède à Marie-Josèphe FEGUE, qui avait été sacrée championne d’Europe à Erevan en 76 kg. Difficile pour la jeune championne de réaliser pleinement ce qu’elle vient d’accomplir !
Tout d’abord félicitations pour ce titre européen amplement mérité ! Décris-nous ce moment qui on l’imagine a été riche en émotions ?
Merci beaucoup ! Je suis très heureuse de ce premier titre. J’ai toujours rêvé de cette médaille d’or, mais j’ai eu beaucoup de mal à croire que j’étais capable de la remporter. A chaque fois que je me rapprochais du haut de tableau européen, je changeais soit de catégorie d’âge, soit de catégorie de poids, et avec le système de qualification aux JO derniers, je n’étais pas focalisée sur le classement mais plutôt sur mes performances personnelles. Je devais atteindre un certain total, pas une certaine place. Cette année j’ai pu me fixer cet objectif et j’ai encore du mal à réaliser que j’ai réussi.
La joie de Garance RIGAUD lors des Championnats d’Europe 2025 (Crédit photo : World Weightlifting Media)
On peut dire que le travail a enfin payé ! Que représente ce sacre pour toi, sur le plan personnel et sportif ?
Ce titre est pour moi la transition rêvée entre mon expérience olympique de Paris vers celle de Los Angeles. Je suis fière du travail que l’on a fourni avec mon équipe et très heureuse que nous ayons été récompensés pour ça.
Ce titre marque-t-il le début d’une belle aventure olympique en vue des JO 2028 à Los Angeles ?
Exactement, je me relance dans la course olympique, avec la tête pleine de souvenirs et de leçons que la précédente olympiade m’a offerts. J’attends l’annonce des nouvelles catégories olympiques, et j’espère que cette fois-ci on les aura le plus tôt possible. On a appris tard le changement des catégories sur l’olympiade précédente, ce qui fait que j’ai eu du mal à m’adapter aussi vite au poids de corps requis et rattraper mon retard. Je sais qu’il va falloir de nouveau s’adapter, mais cette fois je suis prête.
Revenons sur ta préparation pour ces Championnats d’Europe. Dans les coulisses de ce titre, il y a forcément une préparation millimétrée. Raconte-nous comment tu as mis toutes les chances de ton côté.
Après les Jeux Olympiques de Paris, on a décidé d’emménager à Bordeaux avec mon compagnon, qui est également membre de l’Equipe de France. On a passé les derniers mois avant les Championnats d’Europe à créer notre nouveau cocon. C’est une étape qui m’a fait énormément de bien mentalement, après mon échec pour les Jeux. J’avais besoin de me reconstruire. J’ai été très bien entourée et soutenue, avec ma famille en support numéro 1, qui m’a aidé à faire le deuil de ces Jeux Olympiques.
Mon père m’a programmé sur la partie technique haltérophilie. On est très fusionnels. Sur l’aspect entraînement, c’est lui qui me comprend le mieux, et qui est aussi exigeant que moi sur le plan technique. En soin j’ai également été très bien entourée avec mon médecin du sport Pierre DUCHESNE de LAMOTTE, qui me suit de manière très professionnelle depuis deux ans maintenant. Diplômé en préparation mentale, il a notamment pu m’aider à mettre en œuvre mon projet sportif et à clarifier mes objectifs. J’ai aussi été prise en charge par Benjamin BORDERIE et Aurélien SIMON, kinésithérapeutes-ostéopathes, qui m’ont accompagnée lors de ma blessure au coude (entorse et élongation pendant la préparation des Championnats du monde), et m’ont permis d’aborder la fin de ma préparation sereinement.
Garance RIGAUD à l’entraînement à l’INSEP durant le stage Equipe de France du mois d’avril (Crédit photo : FFHM)
En préparation physique, Rémi VANDENBERGHE m’a suivie sur les Championnats du Monde précédents et le début de la préparation de ces Championnats d’Europe. La redescente en -55 kg n’a pas été difficile car mon poids de forme naturel est autour des 56 kg. En réalité, je n’ai pas eu besoin de faire de régime, mais j’ai préféré être encadrée par quelqu’un de confiance, qui m’a accompagnée dans l’adaptation de mon alimentation sur les derniers jours afin d’être la plus performante possible. J’ai travaillé avec Valentin LACROIX, le même diététicien qui m’avait suivie sur ma prise de masse pour Paris. Enfin, comment ne pas mentionner le département du Val-de-Marne et mon club la VGA Saint-Maur, qui me soutiennent dans mon projet olympique et qui me permettent de financer mes préparations et d’être dans les meilleures conditions pour performer.
Et maintenant, quels sont tes futurs objectifs à court et moyen terme ?
A court terme j’attends impatiemment l’annonce des nouvelles catégories olympiques pour pouvoir m’y adapter le plus rapidement possible et participer dès les prochains Championnats du Monde en octobre prochain dans ma nouvelle catégorie. A moyen terme, étant donné que l’on n’a pas non plus les modalités de qualification aux Jeux, je me concentre sur ma performance personnelle. J’essaye d’être la meilleure possible et je vise le top 10 mondial à moyen terme. Sachant qu’il s’agissait du système de qualification des derniers Jeux, je pense qu’on ne sera pas loin de ce format pour Los Angeles. Au passage, j’aimerais obtenir d’autres médailles internationales dans ma nouvelle catégorie, ce qui sera un défi avec l’adaptation du poids de corps.
Encore félicitations Garance ! Nous te souhaitons le meilleur pour la suite !