Retour aux actualités
Equipe de France

Philippe GEISS : « Nous avons les moyens d’être ambitieux »

Alors que le pôle haltérophilie de l’INSEP a fait peau neuve à la rentrée avec un collectif « Juniors – Seniors » et un staff renouvelés, le DTN de la FFHM Philippe GEISS dévoile dans un entretien les contours de cette nouvelle dynamique de l’haltérophilie française, avec une génération montante et des ambitions affirmées pour Los Angeles 2028 et Brisbane 2032. L’occasion également de revenir sur les Jeux Olympiques de Paris 2024 et de tirer les enseignements de la participation de nos athlètes olympiens.

La rentrée marque le début d’un nouveau cycle avec un collectif « Juniors – Seniors » et un staff renouvelés. Peux-tu nous présenter cet effectif ? 

Cette rentrée, c’est déjà la rentrée de l’INSEP. 10 athlètes permanents et deux partenaires d’entrainement, pour une moyenne d’âge de 21 ans ! Une nouvelle génération ! Mais de manière plus globale, il s’agit de la fusion des collectifs seniors et juniors, pour un projet olympique à courts et moyens termes. Ce collectif rassemble les seniors en course pour Los Angeles 2028, mais aussi les meilleurs potentiels pour 2032, voire plus loin. En réalité, le projet a débuté en janvier avec plusieurs regroupements organisés. 

 

Nouveau collectif INSEP (Crédit photo : FFHM)

 

Niveau staff, nous sommes aussi sur un renouvellement des entraineurs, qui a été anticipé puisque nous savions que Franz FELICITE allait se diriger vers d’autres missions. David MATAM MATAM et Luca BARDIS sont désormais Entraineurs Nationaux de l’Equipe de France « Juniors – Seniors… et olympique ». Ils sont accompagnés par deux cadres expérimentés, ayant effectués plusieurs campagnes olympiques : Vincent RIGAUD, qui veillent à la cohérence globale de la stratégie de performance et responsable de la planification de l’entrainement (mais aussi mobilisé sur l’entraînement et le coaching), ainsi que Vencelas DABAYA, qui manage le projet « Juniors – Seniors » et veille à la bonne coordination de tous les intervenants. Steven GRAILLOT vient renforcer l’équipe en tant qu’entraineur du Pôle INSEP.

Je tiens également à souligner le travail effectué par Jérôme HUON sur l’accompagnement de nos SHN. Ce volet est primordial, et son expérience de la haute performance nous sera précieuse pour la structuration et la conduite de notre projet.

Quelle est la philosophie de ce nouveau collectif et comment s’inscrit-il dans la stratégie à long terme de la fédération ? 

Ce nouveau collectif doit se perfectionner dans tous les secteurs et être performant dans chaque domaine qui fait la performance en haltérophilie. Se perfectionner avec détermination, engagement, sens du collectif, mais aussi avec la notion de plaisir de se réaliser et cette fierté de représenter notre pays et notre sport. Pour eux, 2028 sera une ligne de départ pour aller performer très haut et très fort ensuite. Mais pour cela, il faudra valider chaque échelon progressivement, et nous irons quand même chercher des réussites intermédiaires sur le parcours.

Comment ce collectif va-t-il permettre de préparer la relève et d’assurer la continuité de la performance au plus haut niveau ? 

C’est en forgeant qu’on devient forgeron ! En programmant des regroupements propices à l’émulation et à la confrontation. En optimisant le quotidien et l’environnement de performance. En allant chercher des médailles sur les compétitions de chaque niveaux et classes d’âge. 

Quelles innovations ou changements majeurs le nouveau staff apporte-t-il (préparation physique, suivi médical, data, etc.) ? 

Déjà, c’est être forts sur nos bases : l’arraché et l’épaulé-jeté ! La complémentarité de nos Entraîneurs Nationaux est une force. Mais effectivement, d’autres secteurs ont été identifiés comme prioritaires pour aller chercher de la très haute perf. C’est pourquoi nous avons recruté une diététicienne, un préparateur mental, un préparateur physique et une « sport scientist » (collecte et exploitation des données, et protocoles de recherche). Le secteur médical reste une priorité avec l’arrivée d’un nouveau médecin des Equipes de France : Pauline NOUGUES, et une équipe de kinés étoffée. 

Quels enseignements des derniers Jeux Olympiques as-tu tirés pour bâtir cette stratégie ? 

Tout d’abord, le débriefing des Jeux Olympiques de Paris a été long, parce que j’ai souhaité aller au bout des constats. J’ai également voulu y associer tous les acteurs : à commencer par les quatre olympiens, mais aussi le staff large de l’Equipe de France, ainsi que les entraineurs de clubs. Nous avons été fortement accompagnés par l’Agence Nationale du Sport (ANS) pour cette analyse. L’un des principaux enseignements, c’est l’âge des médaillés (24 ans en moyenne), alors que nos Français arrivent « à maturité » beaucoup plus tard. Nous devons donc revoir notre modèle de formation du jeune haltérophile et l’accompagnement autour du jeune sportif : « s’entrainer mieux, plus, et plus tôt ! ». C’est également mieux soutenir les principaux clubs formateurs. 

 

Dora TCHAKOUNTÉ à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024 à l’Arena Paris Sud (Crédit photo : France Olympique)

 

Ensuite, lorsque l’on regarde autour de nous, les nations qui réussissent sont très « staffées ». Les fédérations françaises qui ont décrochées des médailles à Paris sont en avance en termes de structuration d’équipe, de recherches scientifiques, d’utilisation des datas, etc. Nous avons enclenché ces travaux sur la dernière olympiade mais cela demande du temps et de la continuité. 

Les Olympiades 2028 et 2032 se profilent déjà. Quels sont les objectifs sur ce long cycle ? 

Dans un premier temps, l’haltérophilie française doit être présente à Los Angeles. Certains de nos athlètes expérimentés en ont le potentiel. Même si on ne connait pas encore les modalités de qualification olympique, nous savons déjà qu’il faudra être très fort et régulier pour gagner son ticket californien (probablement dans les 10 meilleurs mondiaux). Mon objectif est d’avoir deux qualifiés pour Los Angeles 2028. Pour la génération 2032, comme je le disais plus haut, il s’agira de décrocher des médailles sur les compétitions de référence. Battre l’adversaire et faire sa meilleure performance le jour J, sont des objectifs opérationnels à ancrer.

Los Angeles 2028 et Brisbane 2032

 

C’est toute cette expérience emmagasinée et la maitrise des facteurs cités plus hauts, par les athlètes et staffs, qui doivent nous conduire à la réussite sur le prochain cycle.

Si tu devais résumer en une phrase ton ambition pour ce collectif, laquelle serait-elle ? 

Je propose plutôt un mantra : « Y croire… sans rien laisser au hasard ! ». Nous avons les moyens d’être ambitieux. Nos athlètes peuvent arriver sur les plus hautes marches, à condition de mettre toutes les chances de notre côté, tant la concurrence mondiale est exceptionnellement forte en haltérophilie. Cela supposera la convergence de tous les acteurs, de l’haltérophilie nationale jusqu’aux Equipes de France.

Retour aux actualités