Commission Haltérophilie – Musculation – Santé et handicap : Développement de la force musculaire et longévité (suite.2)

Analyse d’article par Claude GUERIN, médecin retraité, réanimateur, professeur émérite et ancien chef du service de réanimation médicale à l’hôpital de la Croix Rousse à Lyon, également licencié du Vertuose Club Lyon.
Muscular Strength as a Predictor of All-Cause Mortality in an Apparently Healthy Population:
A Systematic Review and Meta-Analysis of Data From Approximately 2 Million Men and Women
Antonio Garcıa-Hermoso, Ivan Cavero-Redondo, Robinson Ramırez-Velez, Jonatan R. Ruiz, Francisco B. Ortega, Duck-Chul Lee, Vicente Martınez-Vizcaıno
Archives of Physical Medicine and Rehabilitation 2018;99:2100-13. doi.org/10.1016/j.apmr.2018.01.008
Pourquoi avoir choisi cette étude?
Avec l’âge, la sédentarité, les comorbidités la force musculaire diminue avec des risques sur la santé. Le développement de la force musculaire est une des missions de la FFHM. Le choix de cette étude s’inscrit dans ce contexte.
Pourquoi cette étude ?
De nombreuses études ont établi un lien entre le niveau de force musculaire et la santé et même sur la mortalité. La plupart de celles-ci ont porté sur des populations de sujets malades. Cette étude a cherché à apporter des informations complémentaires sur ce lien (force musculaire et santé) chez des sujets en bonne santé, à évaluer si ce lien était plus ou moins fort selon le sexe et selon que la force musculaire est mesurée au membre supérieur et au membre inférieur.
Qu’a comporté cette étude ?
Il s’agit d’une méta-analyse, méthode sophistiquée d’analyse combinant les résultats de plusieurs études différentes sur une thématique donnée permettant, en augmentant le nombre de sujets étudiés, d’augmenter la puissance des résultats, et ainsi la force du niveau de preuve.
Les auteurs ont extrait des bases de données de la littérature médicale les études qui ont mesuré le lien entre la force musculaire au membre supérieur (force de la poigne) et/ou au membre inférieur (extension du genou) et la mortalité chez des sujets relativement jeunes et en bonne santé apparente (pas de comorbidité sévère connue).
Quels sont les résultats ?
Les auteurs ont identifié 38 études répondant à leurs critères regroupant 1.907.580 participants (pratiquement 2 millions de sujets), âgés de 19 à 85 ans, suivis en moyenne pendant 11 ans et demi. Les études ont été conduites aux Etats-Unis, en Europe, à Taiwan, au Ghana et dans 17 autres pays.
Le risque de mortalité est réduit de 31% avec une meilleure force de poigne et de 14% avec une plus grande force d’extension du genou. Le risque est plus réduit chez les femmes que chez les hommes pour la force de poigne.
L’âge moyen n’a pas d’effet sur le risque. Ces résultats sont statistiquement significatifs.
Commentaires
- Cette étude confirme un lien entre une meilleure force musculaire et une réduction de mortalité. La force musculaire aussi bien au membre supérieur qu’au membre inférieur est concernée, ce qui est important pour la vie quotidienne.
Le maintien d’une activité physique et d’une autonomie dans la vie quotidienne grâce aux membres inférieurs est un avantage substantiel.
- Deux points rendent cette étude importante. D’une part le nombre de sujets inclus est élevé. D’autre part, le critère d’évaluation, la mortalité, dont l’évaluation est objective et peu biaisée.
- Il faut toutefois noter qu’il ne s’agit que d’un lien et non d’une relation de cause à effet.
- Cette étude, comme toutes celles du même type, est limitée par la non-prise en compte ou la prise en compte partielle de facteurs de confusion potentiels qui agissent sur la mortalité comme la catégorie socio-économique, l’ethnie, les facteurs de risque cardiovasculaire, etc.
Conclusions
Une plus grande force de poigne et une plus grande force d’extension du genou sont associées à une réduction du risque de mortalité chez des sujets en bonne santé apparente.