"Il faudra tirer son épingle du jeu dans un mondial qui s’annonce comme le plus dense et le plus relevé depuis Athènes en 99."

 


 

  

        

Les championnats du monde d’Haltérophilie débuteront vendredi 20 novembre, à Houston (États-Unis). Ce rendez-vous est capital pour décrocher les quotas tant évoqués pour les Jeux Olympiques de Rio. Préparation des athlètes, enjeux et objectifs, Frantz Félicité, entraîneur national de l’Équipe de France senior, s’est prêté au jeu de l’interview.

 

Parle-nous de ces championnats du monde de Houston. Quels en sont les enjeux ?
Houston est un rendez-vous capital pour l’équipe de France. Ce sont les ultimes championnats du monde pour obtenir directement les quotas Femmes et Hommes pour les JO de Rio (ndlr : Classement provisoire après les mondiaux 2014 à Almaty : 22e chez les femmes et 19e chez les hommes). Nous devons rentrer dans les 21 premières nations chez les femmes et 24 premières nations chez les hommes afin d’avoir un maximum d’athlètes aux JO de Rio en 2016. Il faudra tirer son épingle du jeu dans un mondial qui s’annonce comme le plus dense et le plus relevé depuis le mondial d’Athènes en 1999.

 

 "De ces résultats découlera le nombre d’athlètes qui pourront défendre les couleurs de la France aux JO de Rio "

 

On imagine que la pression est plus importante. Quelle devrait être l’ambiance à Houston ?

La pression est importante à chaque championnat du monde. La particularité de celui-ci est que le résultat de l’équipe à plus d’importance que les résultats individuels. De ces résultats découlera le nombre d’athlètes qui pourront défendre les couleurs de la France aux JO de Rio. Chaque athlète devra se battre pour être dans les 25 premiers de sa catégorie et rapporter au minimum 1 point à l’équipe. Tous les points seront décisifs.Toute l’équipe devra être conquérante et soudée pour faire face au défi qui se présente à elle. Passer par le rattrapage continental (les championnats d’Europe 2016) n’est pas une option à envisager tant cette équipe est talentueuse et a les moyens d’y échapper.

 

Comment les athlètes ont été préparés à cette échéance ?

Ils sont préparés suivants les mêmes principes méthodologiques et la même volonté de progresser qu’une autre compétition internationale, à ceci près que ces mondiaux sont l’étape incontournable dans le projet olympique 2016 de chacun. Elles et ils sont tous encore plus déterminés pour être prêt à Houston. L’équipe de France est en préparation depuis le mois de juillet et est focalisée sur la réussite de son match aux USA. C’est un travail de longue haleine qui a commencé par une période foncière conséquente afin d’avoir l’endurance de force nécessaire pour travailler techniquement et améliorer ainsi les records personnels à l’entraînement. Pour optimiser la cohésion du groupe et l’émulation, nous avons privilégié les regroupements de l’équipe sur des stages plus denses que pour la préparation des mondiaux 2014. L’objectif est de les sortir du quotidien, loin des contraintes de la vie courante pour qu’ils se concentrent pleinement sur leur entrainement, leur récupération. Chaque détail qui permettra de grappiller des kilos pour Houston.

 

L’haltérophilie est un sport individuel et pourtant il est important d’aller chercher les quotas tous ensemble. Comment fait-on adhérer les athlètes à cette aventure ?

En leur rappelant tous les jours qu’ils sont interdépendants pour se qualifier pour les JO de Rio. Tous les athlètes connaissent les règles de gain des quotas olympiques. Les chefs de file savent qu’ils ont besoin des points de leurs camarades moins en vue dans le classement mondial et inversement. C’est la 4e olympiade où ce système de quotas par équipe est en vigueur (avec quelques évolutions après chaque JO), certains athlètes étaient déjà là à Vancouver en 2003 pour s’y confronter et la majorité de l’équipe l’a déjà vécue pour les JO de Pékin en 2008. De plus, on a coutume de dire que l’haltérophilie est un sport individuel mais d’entraînement collectif. La cohésion et l’entraide sont de toute façon des valeurs essentielles dans un projet de performance en haltérophilie, encore plus quand il faut se mobiliser ensemble lors des deux mondiaux qualificatifs.

 

Tu connais depuis longtemps les athlètes de l’Équipe de France, est-ce que cela te rend plus cool avec eux à l’entraînement ?

Non, le fait de les connaitre ne me rend pas laxiste, au contraire. C’est la troisième olympiade que je partage avec la majorité des athlètes. J’ai encore faim de performance et j’essaie de leur transmettre quotidiennement. J’ai appris à connaitre chacun d’entre eux, leurs défauts et leurs qualités, et je continue à apprendre tous les jours. Ça me permet par exemple de mieux anticiper leurs réactions pour trouver de nouvelles pistes de progrès. En dehors de l’entraînement, je suis cool mais dès que j’entre dans la salle, je suis entraîneur et mon but est d’obtenir le meilleur d’eux-mêmes à chaque séance.

 

Qu’est-ce que tu attends de tes athlètes ?

Seulement qu’ils donnent le meilleur d’eux même à chaque séance, leur 100% du jour et qu’on réfléchisse ensemble quotidiennement à comment on pourrait encore améliorer chaque déterminant de la performance. Athlète ou entraîneur, on doit toujours se remettre en cause, prendre du recul à chaque instant sous peine de stagner. Si on pense qu’on a tout fait, alors on est foutu ! J’attends des athlètes qu’ils n’aient aucun regret car ils ont mis tous les moyens en œuvre pour réussir. Qu’importe la victoire ou la défaite, l’important c’est le combat.

 

 "Le chemin vers le haut niveau est escarpé mais monter sur un podium international, olympique est un moment fabuleux, indescriptible."

 

Que dirais-tu à un jeune qui commence l’haltérophilie et qui voudrait être un grand champion ?

Tout d’abord je ne lui mentirai pas, c’est très dur. Cela demande beaucoup de travail, de la régularité, des sacrifices personnels, une bonne hygiène de vie et, pour devenir un grand champion : un mental d’acier. Mais l’investissement en vaut la peine, le chemin vers le haut niveau est escarpé mais monter sur un podium international, olympique est un moment fabuleux, indescriptible.

Il est important d’écouter son entraîneur de club pour assimiler les gestes techniques. La quête de la perfection prend beaucoup de temps, toute une carrière parfois, mais il faut passer par là pour être performant. Plus on développe sa technique, plus on a des chances d’y arriver. Et puis, il faut se projeter sur des performances de haut niveau. Il est important d’aller voir les résultats internationaux de sa catégorie d’âge et de poids de corps sur internet pour prendre des repères et se fixer des objectifs de total international. Le haut niveau, ça commence aussi sur les sites de l’EWF et de l’IWF !

 

Comment sont les athlètes ces dernières semaines ? Vois-tu des évolutions, des changements, des tensions ?

Plus l’échéance approche plus la pression monte. Les performances réalisées à l’entraînement ou lors du test de sélection lors du tournoi Randon montrent que la progression est là. Reste à garder le cap pour concrétiser à Houston. L’état de forme est bon et le groupe vit bien ensemble ce qui permet de mieux absorber la pression et de faire face aux éventuelles tensions. Ils sont encore plus à l’écoute, concentrés, assidus, ils ne rechignent pas à l’effort. Cette échéance sublime certains athlètes.

 

Es-tu satisfait de la préparation à ces championnats ?

On peut toujours regretter que cette motivation et cet engouement arrive si tardivement dans l’olympiade. On sait qu’on pourrait faire encore mieux mais il n’est plus l’heure de regarder derrière. Il reste une semaine avant Houston, seul le présent compte. Tout le monde doit se focaliser sur le temps qui nous sépare de cette échéance capital pour la suite et fin de l’olympiade. Chaque athlète doit aller de l’avant pour mettre toutes les chances son côté, à l’entraînement et en dehors, pour se sublimer aux mondiaux. Le travail régulier sur la saison et les efforts déployés par chacun laissent entrevoir des résultats prometteurs pour Houston. Rendez-vous aux mondiaux du 20 au 29 novembre, l’Équipe de France compte sur votre soutien.

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