Portraits de femmes...

Dans le cadre de son plan de féminisation, la FFHMFAC a décidé de mettre en lumière les femmes qui alimentent et constituent le sport au féminin ; athlètes, élues, éducatrices… Toutes sont habitées par l’esprit sportif et s’expriment aujourd’hui sur la représentation des femmes dans leur discipline et la promotion de l’équité dans un secteur encore très dominé par les hommes.

Pour débuter cette action qui se veut s’installer dans la durée et dans les esprits, nous avons demandé à deux femmes singulières de venir prendre la parole. 

Gaëlle Nayo-Ketchanke, athlète de l’Équipe de France d'Haltérophilie, 4aux Jeux africains 2007 à Alger, 3e aux Championnats d’Afrique seniors 2008 (69kg) et 8e aux Championnats du monde 2014 à Almaty (75kg) et Alejandra Benitez, ancienne athlète de haut niveau en Escrime (trois participations aux Jeux Olympiques : Athènes 2004, Pékin 2008 et Londres 2012) et, depuis 2 ans, ministre des Sports du Venezuela. Interviews. 

Gaëlle Nayo-Ketchanke

Étoile montante de l’Équipe de France d'Haltérophilie, Gaëlle, bientôt 27 ans, a décidé de se consacrer pleinement à sa carrière. Objectif Rio, "décrocher la médaille"! Rencontre avec une femme pleine de vie, bien dans sa peau et passionnée par sa discipline! 

L’haltérophilie n’est pas une discipline dans laquelle les femmes sont très présentes. Comment t’est venue cette passion ?
Mon père est entraîneur en haltérophilie, donc très naturellement j’ai envie de dire. Mes frères et sœurs ont débuté avant moi et j’ai suivi le mouvement. Mais très vite c’est devenu une passion. J’ai débuté avec l’athlétisme et après avoir gouté à l’haltéro, je n’ai plus eu envie de m’arrêter. Je n’ai jamais ressenti ces émotions dans d’autres disciplines. Cette envie de me surpasser. Je suis heureuse pendant les entraînements (même si je ne le montre pas tout le temps !) parce que j’aime vraiment ce que je fais.

Que dirais-tu pour donner envie aux femmes de se lancer dans l’Haltérophilie ?
Que ça aide à se sculpter un très beau corps musclé ! Mais on n’est pas obligé de ressembler à un mec non plus. Il y a de très jolies filles, très féminines en haltéro. Je peux dire aujourd’hui, que grâce à ce sport, je me sens bien dans ma peau. J’aime ce que je suis… et j’aime être à l’aise avec ce corps. C’est un bon argument non ?

Parle-moi de ton quotidien d’athlète ?
Une journée type ça donnerait : réveil, douche, entraînement, douche, repas, sieste, entrainement, dîner. Le quotidien de l’athlète de haut-niveau est très structuré en fait. Très programmé. Mais j’ai une vie sociale aussi ! Si je veux sortir avec mes copines, je ne me l’empêche pas ! Mais… il faut dire que je me consacre uniquement à ma carrière sportive…pour l’instant !

Des projets pour l’après haut niveau ?
Oui bien sûr ! J’y réfléchis de plus en plus. J’aimerais beaucoup travailler avec les personnes âgées parce que j’adore le contact, le relationnel. C’est un métier difficile mais je pense qu’il me correspondra bien…

Quel est ton meilleur souvenir en haltérophilie?
Je crois que c’est ma toute première victoire, aux Championnats du Cameroun. J’avais 15 ans ! Ça m’a profondément marqué parce que c’était ma première compétition en haltérophilie. Ma grande sœur tirait également, et moi j’ai gagné dans ma catégorie, mais je ne peux plus te dire laquelle (!!!). En tout cas, je me souviens avoir fait 60 kg à l’épaulé-jeté et 45 kg à l’arraché ! (Contre 135 kg et 108 kg en derniers records personnels.)

Les femmes sont (pour l’instant) peu présentes en haltérophilie, comment l’as-tu vécu personnellement ?
Longue réflexion…
Je vais parler de mon cas hein… Mais en ce qui me concerne, je ne me sens absolument pas mise à l’écart des hommes. Bien au contraire, j’adore travailler avec les garçons. Ça me booste ! Depuis que j’ai débuté l’haltéro, vers 7-8 ans, je n’ai toujours été entourée que de garçons, donc c’est un milieu dans lequel je me sens bien et ça m’a aidé à développer mon mental, parce que je voulais toujours me surpasser face aux hommes. Je ne peux pas dire que je ressente un quelconque clivage…

 Nous allons conclure cet entretien mais avant, est-ce que tu pourrais me citer trois valeurs qui te guident dans le sport ?
J’avoue que je ne me suis jamais posé la question…  Je répondrais… volonté, joie de vivre et envie !  Oui l’envie surtout ! Parce que j’ai encore tellement de choses à prouver…

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Alejandra Benitez

A 32 ans, Alejandra Bénitez, ancienne athlète de haut niveau en Escrime (trois participations aux Jeux Olympiques : Athlènes 2004, Pékin 2008 et Londres 2012) est, depuis 2 ans, la nouvelle ministre des Sports de Venezuela. De passage à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) pour une conférence sur la politique sportive vénézuélienne, Halter’ Egales a rencontré cette jeune femme au parcours atypique.

Comment passe-t-on à 32 ans d’un parcours sportif aussi riche à ministre des Sports? Quel a été votre parcours ?
Lorsque j’étais athlète, j’étais représentante des athlètes au comité Olympique. J’ai également travaillé dans mon pays à la mise en place de lois pour les sportifs. En plus, le président Chavez, très proche des athlètes, tenait à ce que nous nous investissions pour notre pays, pas seulement sur les terrains mais aussi concrètement dans la vie politique du pays pour faire évoluer le sport. C’est comme ça que j’ai débuté et puis en 2012 quand j’ai annoncé la fin de ma carrière sportive, on est venu me chercher pour prendre des responsabilités et j’ai dit oui. 

Est-ce votre expérience d’athlète vous aide aujourd’hui dans votre vie politique ?
Pas vraiment. En fait, quand vous êtes athlète, vous devez penser beaucoup à vous et être un peu égoïste, alors que le rôle d’élu c’est tout l’inverse, vous devez faire des choses pour les autres. Je pense que j’avais déjà cette ouverture aux autres quand j’étais athlète et que c’est peut-être pour ça qu'on m’a proposé le poste. 

Vous êtes une jeune femme très féminine, est-ce que cela a représenté une difficulté dans vos nouvelles fonctions.
Oui, beaucoup ! Le lendemain de ma nomination, tous les journaux ont repris une photo que j’avais faite pour un photographe ou je suis dévêtue posant avec mon masque et mon épée. Cette photo peut prétendre à un caractère machiste et c’est la seule chose que les gens ont dit de moi. Il est difficile pour la majorité des gens d’entendre qu’au-delà de cette photo je peux aussi être compétente. J’ai donc dû faire mes preuves, travailler dur. J’ai notamment fait des propositions sur le sport de loisir et la formation des entraîneurs. Aujourd’hui les choses ont changé.

Quel regard portez-vous sur la place des femmes dans le sport ? Y-a-t-il des actions menées pour le sport féminin au Venezuela ?
Les femmes prennent progressivement de l’importance au Venezuela. Elles ont rapporté plus de médailles que les hommes aux derniers JO, ce qui leur a donné une exposition importante et lancé une dynamique. Nous continuons à travailler sur cette lancée.

Pouvez-vous nous donner trois valeurs qui vous guident au quotidien et qui sont votre moteur…
D’abord la discipline ! C’est la base. Ensuite, l’amour de ce qu’on fait, c’est indispensable pour moi de faire les choses avec passion. Enfin, la dignité, car il faut toujours pouvoir garder la tête haute. 

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